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LE THÉÂTRE FERRANTI de Daniel Plazer et Sylvie Latrille

Sur le chapitre Du côté des spectateurs, Marie-Claude Gautrias a dit l'essentiel de l'impact qu'a eu le Théâtre Ferranti sur nos années d'adolescence, le lieu étant moins important que l'époque finalement, puisque pour ma part -c'était à Bazas-, je ne retrancherai pourtant rien de ce que décrit M.-C. Gautrias dans une autre ville. À Bazas donc, lorsque le théâtre venait installer ses chariots de bois juste à côté du Palais de Justice, de sa façade néo-classique en dur, - partage incongru du terrain, j'y repense, comme une illustration du métissage des genres avant lettre et esprit - nous en restions tout simplement «babas»!
D'ailleurs, s'installait-il vraiment? Le verbe surgir lui irait mieux, oui, il surgissait un beau jour sans s'annoncer, et bientôt disparaissait comme il était venu, nous abandonnant à l'arrière, en nous léguant, je le sais aujourd'hui, un merveilleux message que j'apprends depuis à décrypter sans jamais en venir à bout : Ne pas savoir de quoi demain sera fait.
Ces comédiens, vivants symboles d'une vie différente de celle que nous vivions, donc possible, ces gens-là vivaient d'une autre façon, et pourquoi pas nous, plus tard, ailleurs... En attendant plus tard, nous échangions bien quelques regards croisés, quelques tentatives d'approche vite bousculées par l'évidence d'une place soudain déserte un beau matin.(Personne n'y aurait échappé, me semble, d'après le récit de M.Cl. Gautrias, de sa tante qui..)
Je dois à votre livre certains mouvements d'un cœur vieillissant entre bonheur, tristesse, regrets attendris. Merci à tous et toutes.
Un mot enfin sur le livre-objet : un vrai régal à feuilleter, dû au choix de l'imprimé noir et blanc, du caractère aisé à lire, de l'iconographie nostalgique à souhait, enfin tout est réuni pour redonner à une saga familiale et à un mode de vie particulier ses lettres de noblesse.

Marie-Jeanne

 

Il est des livres qui nous livrent quelque chose de précieux, de rare, du rêve peut-être, une nostalgie aussi. Celui-ci révèlera aux plus jeunes qui le liront et rappellera à ceux qui l’on connu, un monde disparu qu’on aimerait encore pouvoir toucher des yeux et des oreilles. Cet ouvrage instructif de mémoire sur une culture théâtrale populaire, très ancienne et hélas disparue en France, est aussi un glissement bouleversant dans un grenier d’enfance, une ronde de poésie, ne serait-ce que par l’évocation de ces titres de pièces, les prénoms inusités aujourd’hui. La chronologie de ces familles chaleureuses et honnêtes nous fait découvrir un monde où chacun avait sa place, de la guichetière jusqu’à l’artiste et aussi la fierté de donner le meilleur de soi. Les enfants naissaient dans les planches et pour les anciens elles se refermaient avec lumière sur leurs vieux jours. L’arrivée de ces théâtres ambulants occupait une place (dans tous les sens du mot) majeure dans les lieux les plus reculés. « La culture offerte à tous », ce postulat galvaudé de nos jours, eux la pratiquaient au quotidien et sans ministère, cela allait de soi. Leur répertoire varié, la qualité des comédiens aux multiples facettes artistiques (comédiens, danseurs, mîmes, chanteurs, décorateurs…) donnaient aux villages modestes une accession aux œuvres d’auteurs diversement populaires ou historiques avec le même souci et la même qualité que celles qu’ils auraient pu voir dans des salles prestigieuses à la ville. Cette vie de voyage, familiale, fraternelle, faite de joies et de malheurs aussi, nous permet de comprendre le monde dans lequel ils vivaient, qu’ils traversaient, jusqu’à la disparition de ces théâtres. Les auteurs Sylvie Latrille et Daniel Plazer, descendants de ces familles de théâtre ambulant, nous ouvrent les portes de cet univers si particulier. C’est un livre de mémoire qui ne veut pas s’éteindre. Les auteurs ont eu à cœur de transmettre cette trace et la garder vivante, comme une petite flamme qu’on garde au creux des mains, pour que les feux de joies et de bonheur que ces théâtres allumaient en leur temps ne s’éteignent jamais.

Marie-Hélène

 

J'ai lu avec grand plaisir cet ouvrage pour diverses raisons. J'y ai découvert une vie dont j'ai pu entrevoir dans l'enfance, lointaine maintenant, les derniers circaciens qui allaient de village en village et montaient des petits chapiteaux pour une semaine, sur la place des villages.
On y vit leur quotidien, qui n'a pas toujours été facile. L'administration n'a jamais aimé les nomades. A peine tolère t-elle les saltimbanques....
On découvre ces gens qui vivent du théâtre et le font vivre. Tout cela dans la simplicité de l'évidence. Quel dommage qu'il n'en reste pas des films, des documentaires. Il en reste un livre, bien fait, sincère, sans fioritures, sans emphases littéraires, un témoignage honnête et respectueux de la vie des ces gens qui ont été leurs parents.

Saïd Mohamed

 

 



 
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