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Gratuité?

Jean-Luc Richelle

Un hebdomadaire a enquêté sur les coachs littéraires, c’est à dire des personnes qui font payer leur prestation de service d’étude d’un manuscrit et de conseils voire de médiation vers l’édition ! Cet accompagement à l’écriture est publicisé dans des publicités parues dans la presse et dans Internet. Un nombre impressionnant de personnes serait pris de l’envie d’écrire un livre ou aurait un manuscrit qui dort dans un tiroir, aussi deviennent elles la proie de ces consultants qui vantent leur qualité de jugement littéraire et leur réseau professionnel pour faire accéder les apprentis écrivains à la gloire.

Les journalistes de cet hebdomadaire ont soumis la moitié d’un premier roman d’un auteur connu à cinq de ces consultants et ont ensuite reçu des premiers avis de corrections nécessaires accompagnés des devis de leurs prestations, ainsi que de promesses même si évidemment rien ne garantit aux personnes qu’elles seront publiées, alors que tout les assure qu’elles seront facturées ! Ce même article présente des « fous » qui, a contrario des précédents, ne font pas payer un ensemble de services et de conseils. Nous nous sommes reconnus dans cette deuxième catégorie bien que nous ne prétendons pas pouvoir offrir des services similaires. Mais nous nous situons dans l’idée que cette relation entre éditeur et auteur relève d’un espace de gratuité.

Les éditions associatives de la Cause du Poulailler souhaitent rester éloignées des pratiques marchandes. Elles ne proposent pas de prestation payante aux propositions de manuscrits reçus. Qu’un manuscrit soit lu et retourné avec un courrier de refus ou qu’il soit accepté, l’auteur ne paie rien hormis le port pour le retour de son manuscrit. Les remarques émises dans le courrier en retour d’un manuscrit lu, mais non accepté, sont simples, honnêtes, certes subjectives, mais gratuites ! Le manuscrit que nous acceptons est celui qui nous « correspond » parce qu’il a su nous saisir par son écriture, son sens, son originalité peut être, son engagement certainement. Le travail qui s’ensuivra avec l’auteur, à partir de son manuscrit, parfois pour valoriser son écriture ou pour modifier quelques expressions, relève d’une conversation, d’une « incorporation » du texte dans lequel nous entrons ensemble, avant d’en produire un objet pour le futur lecteur.

Nous faisons des/nos choix d’édition parce que nous sommes engagés dans un projet indépendant de toute structure commerciale. N’ayant pas de salariés, n’utilisant pas des services de distribution et de diffusion, et évitant les dépôts payants sauf exceptions, nos charges financières sont très réduites. N’ayant pas de prétention à l’emballement, ni de promesse à faire, nous rencontrons des auteurs selon les opportunités et nous coopérons autour d’un projet dont la réalisation est leur livre. Nous assurons tout un travail qui englobe ce qui ailleurs, dans des maisons d’édition professionnelles, revient au maquettiste, au correcteur, etc.

N’ayant pas d’autre contrainte de publication que celle que nous nous accordons, nous tenons à maîtriser le rythme de ce travail engagé afin de réaliser un travail de qualité. Nous ne démarchons pas à la recherche d’auteurs sauf lors de la proposition annuelle de publier un recueil de nouvelles. Nous recevons pourtant régulièrement des manuscrits. Ce plaisir d’éditer est accompagné du choix de travailler également à des projets personnels, soit des romans, soit des écrits collectifs, tel le livre sur la Commune et celui sur le théâtre Ferranti.

La gratuité : une pensée à agir, un acte à penser !