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DIX FEMMES de Renée Beauvieux

J'ai connu au cours d'une ballade, l'auteur. La marche permet de partager les connaissances, les envies, les idées et les passions. Renée BEAUVIEUX a dans le regard une grande gentillesse et sur le visage une générosité certaine. Cela se retrouve dans sa façon d'écrire. La plume est légère, facile à lire et chaque récit nous ramène un peu à ce que nous pourrions avoir vécu ou aperçu.Certaines romances nous font envie, d'autres nous effraient, on se demande si on aurait pu nous aussi sauter le pas, une fois. Il y a aussi les regrets, ceux qu'on ne voudrait jamais avoir car ils représentent quelque chose d'inachevé. Une façon d'appréhender l'amour, la vie à chaque fois différemment selon la personnalité des personnages et tout simplement aussi selon leur destin. Ce chemin de vie qui est le nôtre, qui nous mène, nous emmène là où il veut sans quelquefois qu'on en reste le maître.
J'ai apprécié ce roman où la nostalgie à sa place, sûrement, mais où l'amour domine et donne à chaque fois l'espoir, le désir de ne pas s'arrêter .... là ! Je le relirais dans quelques temps, en laissant un temps entre chaque histoire afin de mieux en saisir les contours et garder en mémoire un peu de chacune d'elles.

Josée

Très agréables nouvelles de Renée Beauvieux que j'ai lues avec plaisir .....
L' inachevement fait parfois la grandeur de ces femmes, et ne pas aboutir vaut mieux que de ne rien tenter ! C'est une des lecons qu'elles nous donnent !
1 – Elise : Il était une fois le désir d'accomplissement, naturel, discret, dans la moiteur des vendanges... Le récit jute comme un beau fruit mais la morsure ouvre une brèche de mélancolie sur l'envol d'une saveur, la fuite du temps. C'est frais, léger, profond.
2 – Eve : La narratrice raconte sa frustration, l'amorce d'une résignation : ambiguïté d'une lettre qui évoque une liaison amoureuse avec l'époux d'une rivale, l''amie d'enfance. Que pense Eve de sa lettre ? Qu'en fait-elle ? Comment envisage-t-elle ses rôles, actuels et à venir ? Peut-être Renée Beauvieux développera-t-elle la problématique de la rivalité au coeur de l'amitié dans une prochaine nouvelle ?
3 – Alice : Avec patience et tendresse, l'héroïne porte l'ombre d'une rivale : une histoire de jeunesse partagée par son couple et qu'elle accepte dans une souffrance muette. Le deuil réactive les souvenirs et modèle les émotions. Une histoire où chaque séquence douloureuse de la vie se résout dans le présent de la conjugalité. Délicieuse sagesse.
4- Flora : Que devient Flora ? Comment a-t-elle pu franchir le seuil qui permet d'accéder à un autre état psychique ? Mystère d'un passage dont seuls témoignent quelques tableaux exposés dans un hôpital psychiatrique.
5 – Léa : Départ pour Turin ? Pavèse ? Etrange ambiance pour un voyage vers le souvenir d'une fin. Quelques mots tracent une énigme à l'image de Pavèse, symbole d'un drame enfoui.
6 – Lola : « Au printemps de sa vie », Lola découvre le quotidien d'un homme « à l'automne de la sienne » : circulation autour d'une petite pilule et d'un immense nombril !
7 – Louise : Un effacement qui pousse l'autre vers l'absence irrémédiable : comment deux existences s'élaborent côte à côte jusqu'au point de rupture de la « mitoyenneté ». Une histoire simple et grave sur le sens de la vie.
8 – Marie : C'est le souvenir de la fuite d'un vieil homme devant la paternité, l'évocation d'un remords, une bouteille à la mer.
9 – Suzanne : Une douleur colportée comme une légende, un mystère à peine défloré que la narratrice recueille avec délicatesse comme une brisure précieuse qu'on aimerait encore recoller. Un très beau récit, mon préféré.
10 – Yvonne : C'est le secret de Mamyvo dévoilé par sa petite fille Elvire : une histoire de dignité féminine et de solidarité inter-générationnelle. Délicieux.

Lucienne

J’ai terminé de lire « Dix femmes » dans mon auto, quelques minutes avant de reprendre le travail et la pluie qui coulait sur le pare brise ne m’a pas dissipée de cette lecture. J’ai aimé cette écriture précise, élégante qui ressuscite en de charmantes nouvelles le bonheur ou le malheur d’aimer. Que n’a t’on déjà écrit sur ces sujets là ? A priori toutes les histoires d’amour se ressemblent. Pourtant le propos de Renée Beauvieux est moins d’offrir un éventail de vies que de peindre avec délicatesse ce lien amoureux qui nous ressemble tant dans la diversité des destins qu’elle nous dévoile. J’ai aimé la sensualité qui jamais ne dérape et cette courtoisie dans l’image pour ne pas offenser le lecteur. A l’aube de leurs premiers émois, mûres ou presqu’assagies, on ne lâche pas la main de toutes ces femmes. Elle a su pleinement nourrir ses nouvelles de cette observation délicate et profonde qu’elle a de la nature féminine. On voyage avec délice dans les époques et les lieux. Pour y être née, mes pas ont longtemps foulé Bordeaux, son vignoble également et je me suis laissée entraîner avec gourmandise dans ces rues, dans les rangs de vigne, dans le brouhaha des cafés et des places connues. Renée nous offre à lire avec tendresse l’âme des femmes, leur trajectoire amoureuse mêlée souvent aux relents de l’histoire. Je découvre avec beaucoup de plaisir ce ton de l’écrivain Renée Beauvieux qui délivre à la perfection le secret intime, la pudeur ou la folie amoureuse. Elle témoigne de cette invisible force des femmes qui les rend quelque part toutes sœurs et solidaires.

Marie-Hélène

 



 
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