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GANG DE POULES de Jean-Luc Richelle

Cet ouvrage, écrit sous forme d’un carnet de route, carnet intime, dépeint la cohabitation entre trois poules et un chercheur. L’auteur dans son ouvrage analyse les types de relations existantes ou pas au sein d’un gang de poules. Dans un premier temps et sans l’avoir choisi, il se retrouve au centre de cette intrigue. Il observe ce groupe de gallinacées en train de se désolidariser. Et ne peut s’empêcher de se demander pourquoi les relations de ce groupe sont telles. Il expérimente plusieurs tentatives afin d’essayer de les approcher. Il devait avant tout se faire accepter par le groupe pour en faire partie. Mais le leader ne l’avait pas décidé comme cela. Epris dans le cadre de la rédaction de sa thèse traitant sur les rapports sociaux entre jeunes et animateurs, cette aventure était peut-être un rite de passage permettant de ramener la relation entre les poules et l’humain aux animateurs et jeunes. N’y aurait-il pas de similitudes ? Ce poulailler apparait véritablement comme un terrain d’étude psychosociale entre ces trois poules et le chercheur. La poule grise cherchait l’attention du nouveau maître de maison. Et pour se faire elle commença par ne plus sortir du poulailler afin de faire venir à elle le chef de cette tribu. Entre jeux, rebondissements, il est clair qu’un lien relationnel sur ces deux années a été tissé. Qu’en est-il des jeunes et animateurs ? Une relation affective voit toujours le jour au gré d’une rencontre. L’auteur se positionna en premier lieu en tant que dominateur pour ensuite être un peu plus compréhensif et pour enfin s’obliger à se détacher pour mieux observer. Il a apprécié se jouer de la poule grise en tentant de la tromper et de la manipuler. Mais pour être un co-éducateur avec un groupe de jeune l’animateur ne doit-il pas être tantôt dans de la séduction, manipulation, distance, silence… Le mimétisme semble être un des moyens possible d’être accepté dans un groupe normé. Mais cela ne fonctionne pas dans tous les cas, le chercheur avait-il pu être seulement l’élément étranger venu d’ailleurs qui par sa seule présence a remis en cause malgré lui l’existence de cette entité ?

Soraya

Je pense que Gang de poules devrait être lu par tous ceux qui ont écrit ou qui écrivent une thèse : parce qu'il est rassurant de voir que d'autres sont passés par les mêmes épreuves que nous.
Je pense que Gang de poules devrait être lu par tous ceux qui ont un thésard dans leur entourage : pour qu'ils puissent mieux mesurer l'épreuve que celui-ci traverse.
Je pense que Gang de poules devrait être lu par tous ceux qui n'écriront jamais de thèse ou qui ne connaissent pas de thésards : pour qu'ils voient à quoi ils ont échappé.
Je pense que Gang de poules devrait être lu par tout le monde : parce que le rire est la meilleure façon de tenir à distance ce qui fâche ou dérange, parce que l'on se sent plus heureux après l'avoir lu et parce que l'auteur, en provoquant nos rires ou nos sourires, nous fait un cadeau précieux !
Je pense en revanche que Gang de poules ne doit pas être lu par les poules : pour éviter qu'elles ne finissent par se prendre au sérieux!

Pierre

 

Quel livre étrange ! Une poule quasiment bi polaire, en proie à une mélancolie qui jetterait par moment le trouble sur la santé mentale de celui qui l’observe et tente à tout prix de changer le cours des choses. Cette petite communauté de poules qui se désolidarise de la poule dépressive ressemble étrangement au comportement social humain dans ce qu’il a de plus mesquin, à savoir préférer ignorer le problème afin de continuer à vivre selon les codes élémentaires qui rassurent : manger, dormir, bouger et procréer. L’observation et le questionnement quasiment sociologique de l’auteur face à ces gallinacés, sa quête incessante de solutions, de réponses au phénomène qui l’intrigue peut faire penser par moments qu’il s’égare dans des bouffées délirantes (dans tous les sens du terme, car on rit beaucoup). A tant vouloir comprendre, accompagner, protéger l’animal et résoudre l’état pathologique supposé tel ou réel de cette poule, l’auteur en oublie sa propre quête : parfaire sa thèse et l’achever. Sa responsabilisation auprès de cet animal occulte toute autre préoccupation. Déphasage horaire, manque de sommeil, fatigue, l’auteur se décale pour mieux se recentrer. Il y a une transposition des concepts humains sur ce gang de poules, cependant il n’est pas crétin du tout de croire que l’animal comprend, même avec un tout petit cerveau, l’attente de l’homme. On se plait à croire que l’animal exprime un malaise en fuyant le groupe, en s’isolant, en ne répondant pas à l’attente (pondre des œufs). On peut supposer également que la poule ait envie qu’on lui prête de l’intérêt, qu’elle veuille son quart d’heure journalier de célébrité et puis qu’on lui fiche la paix. Ce livre est un parallèle confondu entre deux mondes qui cohabitent dans une passionnante complexité, à la périphérie du réel et de l’imaginaire. Ecrire une thèse peut mettre dans un état vraiment bizarre… Désormais je regarderai avec une considération bienveillante et un œil tout rond le premier thésard que je rencontrerai. Oui, un livre étrange, mais pas dérangeant du tout car très bien écrit et très plaisant à lire !

Marie-Hélène

 

J'ai lu gang de poules le week-end dernier... et je me suis régalée! C'est très drôle! La précision concise du huis clos ; la bataille intérieure de l'humain, pris entre deux feux : la thèse et la mission auprès des poules; le raisonnement et les affects; à la fois garant de la survie des volatiles et en même temps leur prisonnier corvéable; les gallinacés n'en attendaient pas autant !
Et l'amour dans tout ça? A se rendre tellement intéressante, la grise n'espérait-elle pas une love affaire avec le chercheur ? Finalement n'est-elle pas morte de mélancolie ?

Ghislaine

J'aime: le côté cahier, le journal "une vie de poules", le questionnement de ce personnage et sa manière de passer de l'idée à l'acte. L'écriture qui reste simple et riche. Je regrette: le peu de pages du journal, le manque de comparaison Poules / Hommes, et j'aurais aimé que l'auteur développe plus précisément l'impact qu'a eu au final cette rencontre particulière sur la thèse et sur le personnage...

Karoll

 

On entre dans ce livre par l'œil du chercheur universitaire et on le suit dans une installation méticuleuse des conditions optimales pour se mettre très très sérieusement à un travail d'écriture auquel sa condition de savant le contraint. Pour ne pas être dérangé dans son entreprise, il s'est isolé du genre humain. Mais voilà qu'un groupe de trois poulettes fait son apparition dans le récit. Il ne leur doit, normalement, rien d'autre que jeter quelques grains le matin. On comprend pourtant tout de suite que cette apparition va être suffisante pour ravager la tranquillité du monsieur et faire dérailler sa détermination d'ermite. Faute d'êtres humains à sa portée, il va s'abîmer dans l'étude des transactions relationnelles qui opèrent au sein de ce huis clos formé par lui et les trois poules. Comme il est chercheur et penseur et humain et curieux, il va transférer sur cet objet d'étude pour lequel il est totalement profane, tout le sérieux qu'il avait mis en réserve pour sa thèse. Est-ce que la grise fait une dépression? Une grossesse nerveuse? Est-ce qu'elle manipule le groupe pour asseoir sa domination? On ne peut s'empêcher de rire à la lecture de ses nouveaux questionnements. Mais le chercheur, lui, ne rit pas. Pour ses poules, il souffre des affres du chercheur avec autant de sérieux qu'à l'habitude. Et, du coup, on commence à s'inquiéter réellement pour sa santé mentale.
Sans dévoiler l'épilogue, on peut dire qu'au-delà de son effet comique, ce livre apprend au profane que si, pour un chercheur, un sujet d'étude, quel qu'il soit, devient une affaire sérieuse, la personne n'est pas obligée pour autant de se prendre au sérieux. Cette histoire me fait penser aux papous. Chez les papous, y'a des papous à poux ou des papous pas à poux, et des papous papas ou des papous pas papas, etc... Chez les chercheurs, y'a des chercheurs sérieux ou des chercheurs pas sérieux. Et comme il y a des chercheurs avec des sujets sérieux ou des sujets pas sérieux, et qu'en plus il y a des chercheurs qui se prennent au sérieux ou qui ne se prennent pas au sérieux, on peut décliner dans toute sa diversité le petit monde des savants.
Je pense que le héros de Gang de poules appartient à la catégorie des chercheurs sérieux, qu'il fait de tout objet d'étude un sujet sérieux, mais qu'il nous a démontré avec ce texte qu'il ne se prend pas au sérieux.

Nelly

 

Première lecture avide en deux jours... Un voyage au coeur de la vie simple... Un condensé de franches esclafades en imaginant l'auteur aux aguets à la fenêtre, de longues minutes durant, effaçant de temps en temps l'auréole de buée qu'il crée à guetter les faits et gestes de ces 3 volatiles, du questionnement que doit susciter l'envie de rester collé à la vitre, ou de retourner vacquer à l'écriture de cette thèse sans nul doute impregnée des péripéties de poules, ce qui va donner du grain à moudre aux lecteurs.
La personnification des animaux, La Fontaine nous en a conté, mais romancé c'est encore plus croustillant à déguster ! Des petites bêtes que l'on a bien envie de connaître au détour d'une visite champêtre sans trop s'attarder pour éviter d'être tenté de lancer le tome 2 de cette saga. Le ton est léger, les mots décortiqués, on sent l'odeur du poulailler, les grains de maïs s'égrènent de page en page comme si un signal était donné de tourner la page.
Un livre captivant !

Stéphanie

 

Incroyable cette histoire!!! Comment un homme de la ville peut il avoir autant d'affection pour trois poules au comportement si étrange ?
Un humour terrible qui fait de ce livre certainement la plus intéressante histoire de poule au monde.
Vous ne regarderez plus jamais un poulailler comme avant.

Guilhem, un heureux propriétaire de poules maintenant célèbres

 

Quand un thésard attardé et en manque de productivité rencontre une bande de poules qu’il croit organisée, tout bascule rapidement. Exilé volontaire de la société des hommes et confronté par hasard à celle des poules, l’humain est condamné à tisser bon gré mal gré des relations avec les gallinacées. Au début chacun s’observe et gratte de son côté, des pages pour l’un, le sol du jardin pour les autres. Mais tout se brouille et s’embrouille quand un des volatiles semble connaître une bien humaine dépression tandis que l’homme peine à pondre l’œuf de son doctorat. Là où on attend l’hominidé au sommet de sa raison et de son intellect, on le retrouve en train de parler aux animaux et de ramper à quatre pattes poussé par les frasques et la ponte quotidienne des Gallus gallus domesticus. Au cœur d’une féroce guerre de position, une spirale infernale s’amorce. Elle conduira à des trahisons et des prises d’otages, à des expulsions, au rançonnement et aux vols de butins et peut-être même à un suicide...
«Gang de poules» ? Un ouvrage contagieux. Il n’y pas eu de plus grave accusation portée contre les poules, depuis la grippe aviaire !…

Pascal

Voilà un livre aussi drôle qu'instructif, invitation salutaire à repenser le monde à partir des soi-disant "petites choses" du quotidien, ce qui rejoint évidemment mes préoccupations d'auteur et d'anthropologue. Merci pour ce beau moment de lecture!


Eric

Tout cela m'a vite fait penser au "pigeon" de Suskind mais non pas du tout, ces poules sont réellement malfaisantes et organisées de manière à chercher le déséquilibre mental de l'auteur. Dommage qu'elles n'y parviennent pas totalement mais c'est bien essayé. Tout ceci prouve aussi la supériorité de l'homme sur les poules ce qui est rassurant car ce n'était pas très évident à la lecture des premiers chapitres.
Jean Luc aurait au moins pu inviter les 3 bêtes à sa soutenance de thèse. Je ne les y ai pas vues mais peut- être étaient- elles là sans se faire remarquer.
Merci pour ce moment de pur plaisir et de douce démence.


Ramon

 

J'ai beaucoup aimé "gang de poules" et son délire humoristico-paranoïaque ; je trouve que c'est très visuel et j'ai vraiment eu peur qu'ils ne finissent par écraser la cabane à coup de pelle mécanique (pour dire à quel point j'ai "marché" !)... il faut dire aussi que mon voisin a vécu un délire parallèle, en septembre, avec un autre gang de poules, mais il faudrait le talent de Jean-Luc pour raconter cette autre histoire.

Mireille

délicieux livre, fort bien écrit, symbole d'une petite société en miniature. La difficulté et les antagonismes du chiffre trois... Savoureux... A quand le prochain?

Renée

 



 
© Editions La Cause du Poulailler.